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La jeunesse et le gouvernement par le chaos
lundi 20 mars 2023, par
En usant de l’article 49-3 de la Constitution pour imposer une réforme largement contestée, le pouvoir a sciemment pris le risque d’une aggravation du conflit. Beaucoup a été dit sur le caractère inapproprié de cette décision et sur les contorsions dérisoires qui l’accompagnent depuis quelques jours. Celui qui nous expliquait hier que les Français en avaient assez des réformes imposées d’en haut n’éprouve aujourd’hui « aucun scrupule, aucun regret » et peut laisser s’exprimer à nouveau son naturel jupitérien de manière décomplexée. Un candidat à Matignon vient maintenant expliquer le caractère porteur d’un 49.3 qu’il vilipendait lorsqu’il était naguère candidat à l’élection présidentielle en prétendant incarner un renouveau démocrate. Enfin les mêmes qui s’offusquaient, il y a tout juste deux semaines, qu’une partie de l’opposition ait empêché la tenue d’un vote en première lecture à l’Assemblée nationale, doivent aujourd’hui justifier une mesure qui vient interdire un vote final sur le texte. Tout le monde voit que notre démocratie, déjà mal en point, ne peut que souffrir davantage de l’état de contradiction permanente d’un pouvoir qui en est réduit à nous imposer les 64 ans ou le chaos.
La jeunesse ne sera pas la moins affligée par ce triste spectacle. Principale concernée par l’urgence environnementale, plongée il y a trois ans dans le confinement général, témoin d’une guerre toute proche, confrontée à une inflation qui fragilise un peu plus ses conditions de vie, là voilà en train d’assister à la mise en œuvre autoritaire d’une réforme dont personne n’a compris pourquoi elle constituait une priorité politique. La stratégie du pourrissement encouragée par le pouvoir a déjà vu se multiplier les blocages des universités ou des établissements scolaires et les équipes pédagogiques, qui s’étaient attachées à réinstaurer un rythme normal d’apprentissage, devront, à nouveau, s’ingénier à maintenir un lien pédagogique toujours mis à mal. Face à la dégradation croissante de la santé mentale des jeunes et des adolescents, on aurait aimé que le faible crédit politique du gouvernement fût consacré à un projet de société autrement plus urgent et que l’on ne se contente pas d’offrir à la jeunesse un succédané des chantiers de jeunesse.