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Dix réflexions très rapides sur l’enseignement supérieur et la recherche

jeudi 19 décembre 2024, par GGB

Les interventions récentes de Sylvie Retailleau et d’Antoine Petit, président du CNRS, ont relancé des débats sur l’enseignement supérieur et la recherche sur les réseaux sociaux.
Dans l’attente d’un.e ministre, voici quelques réflexions très, très rapides.

1. Le système universitaire français est sous-dimensionné. Lesvacataires d’enseignement réalisent l’équivalent du service de 29000 enseignants-chercheurs (EC). Même si l’on considère qu’une moitié de ces vacataires sont des professionnels réalisant des enseignements d’ordre professionnel, il manque donc l’équivalent de 14500 EC. Et l’on ne compte pas le manque dû au recours des contractuels.

2. Ce sous-dimensionnement conduit à une utilisation sous-optimale du potentiel de recherche universitaire. Les EC ont été recruté.e.s après l’obtention d’un doctorat voire d’un post-doctorat, d’une qualification puis d’un concours. Ce parcours est très sélectif. Un.e jeune EC constitue un potentiel de recherche de haut niveau.

3. Si les EC sont enseveli.e.s par des heures supplémentaires et par des tâches administratives, ils ne peuvent contribuer à l’effort de recherche à la hauteur de leur potentiel. C’est un gâchis individuel et collectif.

4. À cause du sous-dimensionnement du système universitaire, la recherche universitaire est bridée.

5. Les organismes de recherche (ONR) représentent une part essentielle du potentiel national de recherche mais pas sa totalité.

6. Les ONR doivent optimiser la répartition de leurs financements sur plusieurs sites. Vu l’effet Matthieu (dans le domaine scientifique aussi, l’argent va à l’argent), ils sont conduits à concentrer leurs financements sur les sites qui en concentrent déjà d’autres pour s’assurer d’un effet levier. La logique est la même pour le PIA/France 2030 (46% des crédits du PIA sont contractualisés sur l’Île-de-France).

7. Une concentration des financements de la recherche peut encourager le décrochage d’une partie de la recherche universitaire difficilement intégrée aux sites renforcés par ailleurs.

8. Ce décrochage a un coût humain et financier. Si l’on emploie des docteur.e.s, c’est pour leur faire faire un travail correspondant à leur qualification.

9. Le décrochage peut aussi avoir une incidence sur l’offre de formation, notamment en master, où le lien formation-recherche doit être le plus fort, et, par ricochet, sur le doctorat, dont le développement ne parvient pas à atteindre les objectifs fixés.

10. L’incidence sur le doctorat peut avoir un effet de long terme sur le potentiel de recherche français tout entier.