Accueil > Points de vue > Sur l’enseignement supérieur et la recherche en général > Des sous...

Des sous...

dimanche 27 juin 2010, par GGB

De récentes réformes ministérielles ont voulu faire croire que "l’excellence" permettrait de palier le sentiment qu’ont les universitaires - et surtout les jeunes - d’être peu rémunérés.

D’ailleurs, les "jeunes" sont parfois jugés "cupides".

 Les faits

Les maîtres de conférences commencent statutairement à 1730€ nets par mois. Avec la prise en compte des études doctorales, le début de carrière réel peut se faire autour de 2000€.

En moyenne un maître de conférences perçoit un peu plus de 2500 € nets mensuels.

Un professeur de première classe perçoit en moyenne 4221 € nets par mois. Il s’agit généralement d’une fin de carrière.

Toutes ces données sont issues du rapport Schwartz de 2008.

 Perception n° 1

Par rapport à l’ensemble de la population française, de tels traitements constituent de très bons revenus [1]. En début de carrière, un maître de conférences se retrouve dans le 8ème décile. Il fait donc partie des 20% des salariés percevant les revenus salariaux les plus importants. [2]

Un maître de conférences "moyen" atteint le 9è décile. Ce dernier s’élève à 32629€ [3]

 Perception n° 2

Le problème c’est que la comparaison prend une autre forme quand on confronte ces chiffres aux salaires des cadres.

D’après l’enquête Salaires 2010 de l’INSEE (fiche 14), les cadres ou chefs d’entreprise qui avaient 29 ans ou moins en 2002 ont perçu en 2007 un salaire net annuel moyen de 45 502 euros (sur la base d’un travail annuel à temps complet), soit un salaire net mensuel de 3791€, près de deux fois le traitement d’entrée d’un MCF. En fait, un MCF en début de carrière s’apparente à une profession intermédiaire.

Les MCF néo-entrants peuvent légitimement penser que les études doctorales représentent un investissement dont le retour en termes financiers est négatif.
Dans une certaine mesure, si l’on fait l’hypothèse que les MCF auraient pu à la sortie de leur M2 partir dans le monde de l’entreprise (hypothèse peut-être forte), il s’avère qu’ils payent chèrement leur statut.

Pour un professeur en fin de carrière, l’écart est lui aussi important. Le salaire moyen net des cadres de plus de 50 ans est de 75051€, soit 6254€ mensuels.
Le rapport n’est pas d’un à deux, mais de un à 1.5.

 Conclusion

S’ils veulent travailler pour l’argent, les universitaires feraient mieux de faire autre chose.

Vu les écarts qui existent, les réformes ne suffiront ni à remédier au malaise ni à rendre les carrières attirantes.


[2La comparaison n’est pas tout à fait rigoureuse puisque je compare des traitements à des revenus salariaux au sens de l’INSEE. Mais l’ordre de grandeur doit être le même.

[3Idem